Il n’est plus surprenant, mais toujours aussi regrettable, de voir Brigitte Adjamagbo-Johnson, figure de proue de la CDPA et actuelle coordonnatrice de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), saisir chaque occasion sensible pour se livrer à son jeu favori qu’est la récupération politique. Sa récente sortie en réaction à l’arrestation de l’artiste Amron en est une illustration frappante et affligeante.
Les togolais d’ici et d’ailleurs savent comment depuis plusieurs mois, Amron multiplie les provocations et les outrages envers les institutions de la République, allant jusqu’à qualifier le président du conseil de la république de tous les noms. « Taré », « con », « sot », « idiot », « imbécile », « vaut rient » etc. Voilà comment le sieur Amron traite Faure Gnassingbé, le président du conseil sur les réseaux sociaux, principalement sur le réseau tic-toc.
Des propos insultants, répétés avec un acharnement qui dépasse la simple liberté d’expression pour entrer clairement dans le champ des infractions prévues par notre Code pénal. L’arrestation de l’artiste ne fait donc que répondre à une nécessité légale qui consiste à rappeler qu’aucun citoyen, fût-il artiste, n’est au-dessus des lois.
Mais voilà que Brigitte Adjamagbo, fidèle à ses habitudes, s’empresse d’instrumentaliser cette affaire. Plutôt que de défendre les principes de responsabilité et de respect mutuel, elle s’indigne publiquement d’un acte judiciaire légitime, criant à la répression pour flatter une frange de l’opinion publique. Ce populisme grossier, servi sur fond de démagogie, ne vise qu’à maintenir son nom dans l’actualité politique.
« La DMP considère que cette arrestation est arbitraire, illégale et profondément politique », écrit Brigitte Adjamagbo qui estime que l’artiste « Amron n’a commis aucun crime». Et pourtant, Amron s’est attaqué de façon maladroite à une institution de l’État et il s’agit là, d’un outrage à l’autorité de l’État. En juriste, dame Adjamagbo devrait le savoir. Mais étant dans une logique de manipulation de masse, elle fait semble, et s’érige en bon samaritain, celle qui est au service du peuple. Un adage dit que quelle que soit la durée d’un morceau de bois dans l’eau, il ne pourra jamais se transformer en crocodile.
L’attitude Mme Adjamagbo-Johnson, n’est pas surprenante, pour les observateurs les plus avisés. C’est un comportement qui laisse croire qu’elle n’a pas d’ambition et qu’elle ne construit pas un projet politique crédible sur le long terme. Elle s’épanouit dans l’indignation circonstancielle, les prises de parole tapageuses, les postures victimaire et les discours simplistes. Chaque tension sociale devient pour elle une opportunité de se poser en sauveuse du peuple, même au prix de la cohérence ou du bon sens.
À force de vouloir se faire un nom sous le soleil à coups de slogans creux et de déclarations hasardeuses, Brigitte Adjamagbo finit par incarner le symptôme d’une opposition à court d’idées et en mal de figures solides. La défense des droits ne peut pas être une couverture pour l’impunité. La politique ne se résume pas à faire de chaque fait divers un tremplin personnel.
Le Togo mérite mieux que ces gesticulations. Il mérite une opposition sérieuse, constructive et respectueuse des institutions. Mme Adjamagbo gagnerait à méditer cette évidence.