Le débat sur la régulation des réseaux sociaux prend une tournure plus concrète au Togo. Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Lomé, Mawama Talaka, a lancé, le 03 octobre dernier, un appel solennel à l’endroit des citoyens, les invitant à un usage responsable et respectueux des plateformes numériques. Ce rappel à l’ordre intervient dans un contexte où les dérives se multiplient. Il s’agit des propos diffamatoires, discours de haine, atteintes à la vie privée et propagation de fausses informations.
S’exprimant lors de sa conférence de presse à Lomé, le magistrat a tenu à souligner que les réseaux sociaux ne sont pas des zones de non-droit. Il a rappelé que le cadre juridique togolais encadre déjà strictement ces pratiques à travers le Code pénal, la loi sur la cybersécurité et celle relative à la protection des données personnelles. Des textes qui prévoient des sanctions pour tout abus portant atteinte à l’ordre public, à la dignité humaine ou à la sécurité nationale.
Cette sortie du parquet intervient alors que l’activité numérique au Togo connaît une croissance rapide, soutenue par la démocratisation d’Internet et de la téléphonie mobile. Devenus des espaces d’expression citoyenne et de débat, les réseaux sociaux sont aussi le théâtre de tensions sociales et politiques, alimentées parfois par la désinformation et les manipulations.
Plusieurs observateurs estiment que la déclaration du procureur s’inscrit dans un contexte régional où les États d’Afrique de l’Ouest renforcent leur encadrement juridique des espaces numériques. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Bénin ont déjà adopté des législations similaires, souvent saluées pour leur visée de régulation, mais parfois critiquées pour les risques de restriction des libertés publiques.
Pour des organisations de défense des droits numériques, le défi consiste à distinguer le nécessaire lutte contre la désinformation et la diffamation, d’un contrôle excessif de la parole citoyenne. Elles appellent à une application « mesurée et transparente » des lois, fondée sur le dialogue entre pouvoirs publics, médias et société civile.
Au cœur de ce débat, une question majeure se pose : comment garantir la cohésion sociale et la sécurité publique sans compromettre la liberté d’expression, pilier de toute démocratie ? Le Togo, à l’instar de nombreux pays africains, semble désormais engagé dans la quête d’un équilibre délicat entre liberté numérique et responsabilité citoyenne, symbole des mutations profondes que connaît le continent à l’ère du tout-connecté.
















































