Dans la droite ligne de ses priorités de développement déclinées dans ses High 5 et notamment de son programme pour éclairer l’Afrique et la doter en énergie, la Banque africaine de développement compte raccorder 29,3 millions d’Africains à une source d’énergie électrique d’ici à 2020.
Akinwumi Adesina, le président de la Banque, en a fait l’annonce dimanche 28 janvier 2018 à Addis Abeba, lors d’une rencontre de haut niveau sur le thème « Travailler autrement : de la vision à l’action – dimensions nationales, régionales et mondiale » au siège de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, à Addis-Abeba. Il a promis de soutenir ce défi de « Travailler autrement », y voyant une initiative « d’importance cruciale », tout en indiquant que cela impliquait une nouvelle manière d’appréhender les enjeux de développement.
Lors du Sommet humanitaire mondial, les agences des Nations Unies ont signé un document intitulé « Passer à l’acte » (Commitment to Action) et sont convenues d’adopter une nouvelle façon de travailler dans les situations de crises.
« La Banque africaine de développement est aujourd’hui à la pointe des investissements dans les énergies renouvelables en Afrique. La part des énergies renouvelables dans le portefeuille énergétique de la Banque est passée de 14 % lorsque je suis devenu président en 2015, à 100 % l’année dernière », a précisé le président Adesina. « Rien que l’an dernier, notre soutien a permis d’offrir à 3,8 millions d’Africains un accès à l’électricité. Et, pour peu que nous ayons les financements, nous prévoyons de raccorder 29,3 millions de personnes à l’électricité entre 2018 et 2020 ».
Le président de la BAD a invité le Secrétaire général des Nations Unies à se joindre à lui pour appuyer le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’environnement mondial, afin que ceux-ci travaillent différemment et renforcent leur appui en faveur du co-paiement des mécanismes d’assurance liés aux risques climatiques pour les pays d’Afrique vulnérables, faisant observer que les pays africains, durement touchés par le changement climatique, ont des difficultés à trouver des fonds pour payer leurs primes d’assurance.
La Banque a intensifié son action en ce domaine et aidera les pays africains à payer leur assurance contre les catastrophes naturelles, qui obère souvent leurs budgets. Elle prévoit de fournir 76 millions de dollars américains en 2018 pour le paiement de leurs primes d’assurance, les pays concernés apportant 31,5 millions et la Mutuelle panafricaine de gestion des risques (ARC par sigle anglais) 16 millions. Plus de 20 pays se sont dits intéressés par cette initiative appuyée par la Banque.
« Bien comprendre les liens qui existent entre la dégradation de l’environnement, l’extrême pauvreté et le chômage des jeunes est essentiel pour travailler autrement. Lorsque ces trois éléments sont réunis, nous sommes en présence d’une « triangulaire des calamités » dans laquelle le chômage, la pauvreté et la dégradation de l’environnement se pourchassent dans une spirale descendante de déréliction, de terrorisme, de violence et de conflit », a souligné Akinwumi Adesina.
« La Banque africaine de développement veille à offrir cette compréhension de ces réalités dans ses politiques et programmes. La triangulaire des calamités de l’Afrique doit se muer en une triangulaire de prospérité, où abondent « les emplois, la richesse et des environnements résilients. C’est pourquoi nous nous félicitons de l’initiative “Travailler autrement” ».
La Banque s’est également engagée à tripler ses financements climatiques pour que celle-ci représentent 40 % des nouvelles approbations de projets d’ici à 2020. Elle déploie des programmes et des actions visant à lutter contre la fragilité et à renforcer la résilience face au climat.
La région du Sahel est notamment concernée, avec un programme de 261 millions de dollars américains, a indiqué M. Adesina ; ainsi que la Corne de l’Afrique, avec un programme de 281,6 millions de dollars ; et le bassin du Lac Tchad, gravement affecté par la dégradation de ses écosystèmes productifs, avec un programme de 101 millions de dollars destiné à restaurer la productivité de l’ensemble de l’écosystème.
L’initiative Desert to Power que la Banque a lancée vise à transformer les déserts en Afrique en de nouvelles sources d’énergie. En collaboration avec des partenaires, cette initiative prévoit de développer des systèmes solaires totalisant 10 000 MW de puissance électrique installée à travers le Sahel. Cette initiative devrait fournir l’électricité à 250 millions de personnes, dont 90 seront alimentées par des systèmes hors réseau.
« Nous avons déjà commencé à développer une centrale solaire de 50 MW au Burkina Faso », a précisé le président Adesina. « Cette initiative protégera la Grande muraille verte plantée d’arbres pour stopper la désertification dans la zone sahélienne contre leur abattage par des ménages pauvres en combustible qui s’en servent en bois de cuisson. Une fois achevé, cette zone de système d’énergie solaire devrait être la plus grande du monde ».
L’année dernière, la Banque a approuvé un programme-cadre spécial dénommé « Non à la famine » d’un montant total de 1,14 milliard de dollars. Pour lutter contre la fragilité, la Banque adopte désormais une approche régionale, conforme à sa nouvelle structure, et recourt à sa Facilité d’appui à la transition pour apporter des solutions de développement aux communautés en situation de fragilité.