Transition énergétique en Afrique de l’Ouest et rencontre de Lomé : « Une occasion unique de faire converger les idées afin de mieux accélérer la transition énergétique en Afrique de l’Ouest » selon Oliver Reynolds, Market Insights and Data Manager chez GOGLA

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Présent à Lomé pour le premier sommet de la Coopération Energétique en Afrique de Lomé, Monsieur Oliver Reynolds, Market Insights and Data Manager chez GOGLA, a répondu aux questions de notre rédaction.  Dans cette interview exclusive, Olivier Reynolds, a évoqué l’importance d’une transition énergétique pour l’Afrique en général et l’Afrique de l’Ouest en particulier, et de  ce qu’il faut attendre de la rencontre de Lomé. Lisez plutôt !

 Quel est l’Etat des lieux aujourd’hui en matière de transition énergétique en Afrique de l’Ouest

  1. faciliter la transition énergétique

Avec un taux d’accès à l’électricité de 56% en 2022, la région d’Afrique de l’Ouest est toujours considérée comme fortement non électrifiée, du fait des disparités observées dans plusieurs pays de la région, à l’instar du Niger ou du Libéria, qui ont des taux d’accès de 18% et 8% respectivement. Dans les zones rurales, plus de la moitié de la population n’a pas accès et dépend toujours de la biomasse comme source principale d’énergie.

La région dépend toujours fortement des combustibles fossiles pour la production d’électricité, ce qui est coûteux et négatif pour l’environnement, malgré le potentiel d’énergie renouvelable existant et pas suffisamment exploité. L’on note toutefois, une progression importante de l’énergie solaire photovoltaïque qui a connu une augmentation moyenne annuelle de 48% pour la production d’électricité. Cette nette progression traduit à suffisance l’intérêt pour la région de réaliser une transition énergétique axée vers l’augmentation des énergies renouvelables dans le mix énergétique en Afrique de l’Ouest. 

Pour faire avancer cette transition énergétique, la CEDEAO s’est fixée comme objectif d’atteindre 48% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique de la région en 2030. Pour atteindre cet objectif,  il faudrait entre autres, une coopération internationale et régionale renforcée, notamment avec le renforcement de l’interconnexion régionale; des investissements dans les énergies renouvelables, par le renforcement des infrastructures de réseau et plus de financements pour l’électrification hors réseau, ciblant principalement les ménages des zones les plus reculées; et une collaboration plus étroite entre les secteurs public et privé.

  • Les énergies renouvelables sont -elles , une solution durable pour le développement de l’Afrique et aux changements climatiques ?

Les énergies renouvelables, et particulièrement l’énergie solaire, offrent à l’Afrique la possibilité d’utiliser une de ses ressources naturelles les plus abondantes (c’est le continent qui reçoit le plus d’heures de soleil au monde) pour fournir de l’électricité à sa population. En choisissant des sources renouvelables au lieu de sources fossiles comme le pétrole, l’Afrique peut atteindre en même temps ses objectifs de développement et ses objectifs climatiques, en faisant un bond en avant vers une transition énergétique inclusive et durable.

  Près de la moitié de la population en Afrique qui n’est pas desservie par le réseau électrique aujourd’hui pourrait bénéficier d’accès à l’électricité par l’énergie solaire hors réseau de façon moins chère et plus rapide que par d’autres moyens. 

  • Qu’entend t-on par le solaire hors réseau ?

Par solaire hors réseau, on entend un ensemble de solutions d’accès à l’électricité permis par l’usage de panneaux solaires et ne nécessitant pas de raccordement au réseau électrique. Ces solutions vont de la simple lanterne solaire à des kits beaucoup plus puissants capables de fournir de l’électricité à tout un foyer, charger des téléphones portables, brancher une radio ou un téléviseur.  Ces solutions incluent aussi des équipements productifs tels que des pompes à eau solaires pour l’agriculture ou des réfrigérateurs solaires pour les commerçants ou pour la conservation  des vaccins dans les zones où le réseau n’est pas disponible.

  • quel est son rôle?

Ces solutions ont un rôle clé à jouer dans le déploiement de l’accès à l’électricité dans les zones rurales. Elles offrent l’opportunité d’électrifier des foyers, des entreprises, des exploitations agricoles, des écoles et des centres de santé dans des zones où le réseau électrique traditionnel n’est pas encore présent et ne sera peut-être pas présent avant longtemps. Elles peuvent être déployées rapidement et de façon moins coûteuse que des alternatives, en offrant à des centaines de millions de personnes la possibilité d’avoir de l’électricité dans les cinq prochaines années. 

En outre, là où les coupures d’électricité sont fréquentes, grâce à ces solutions, les petites entreprises peuvent continuer leur activité. Celles qui à présent n’ont pas accès à de l’énergie pourraient l’atteindre et augmenter leurs revenus, ce qui aurait des avantages socio-économiques évidents, particulièrement dans les zones rurales. 

  • parlez nous de l’association Gogla

GOGLA est l’association mondiale de l’industrie de l’énergie solaire hors réseau. Nous représentons plus de 200 membres qui travaillent pour transformer des vies grâce à des produits et services solaires de haute qualité et à des prix abordables. 

Plus de 560 millions de personnes vulnérables au climat bénéficient déjà de l’énergie solaire hors réseau pour alimenter leurs maisons, leurs fermes, leurs entreprises et leurs infrastructures publiques. 

GOGLA est une organisation qui offre des données de marché vitales pour l’industrie solaire, en rassemblant les acteurs principaux pour créer des partenariats, afin de développer l’industrie solaire et rendre ces solutions accessibles au plus grand nombre. De plus notre organisation développe des outils et conseille sur les normes pour assurer la durabilité du secteur, en plaidant pour des politiques de soutien et une augmentation des investissements. 

  • Que peut-on attendre de la rencontre de Lomé dans la perspective de cette coopération énergétique entre les pays de  l’Afrique de l’Ouest et ses partenaires?

La rencontre de Lomé est une occasion pour les acteurs du secteur de se retrouver afin de faire converger nos idées et de développer plus de partenariats qui permettront de faciliter l’accès à l’électricité en Afrique et particulièrement en Afrique de l’Ouest. Avoir en un même lieu pendant trois jours le secteur privé, le secteur public, les bailleurs de fonds, les partenaires financiers internationaux et l’organisation régionale qu’est la CEDEAO est une occasion unique de faire converger les idées afin de mieux accélérer la transition énergétique en Afrique de l’Ouest. Les solutions hors réseau sont l’un des moyens les plus appropriés.

Interview réalisée par GPLM (Groupe de Presse Le Messager)