« Une seule priorité : poursuivre les réformes nécessaires à la réussite du PND »

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Paul Mawusi Kakatsi, directeur général de la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET), défend son bilan de ces trois dernières années, nous donnant un aperçu des investissements consentis et des projets d’énergie renouvelable mis en oeuvre par la CEET.

Á la tête de la CEET depuis février 2016, quel bilan pouvez-vous dresser, notamment en matière de gouvernance ? Par ailleurs, un geste a-t-il été fait pour faciliter l’accès à l’électricité des ménages à faibles revenus ?

Paul Mawusi Kakatsi : Notre bilan des trois années se résume comme suit : un début d’amélioration de la situation financière, la réduction substantielle des arriérés liés aux importations de l’énergie avec une forte implication de l’État, l’amélioration significative du rendement par la réduction des pertes commerciales, une nette amélioration du taux de recouvrement par la vulgarisation des compteurs à prépaiement, et enfin la contribution à l’amélioration du score du Doing Business en ce qui concerne le volet accès à l’énergie. L’accès des ménages à faible revenu aux services énergétiques a été encouragé par une campagne de promotion des raccordements à coût réduit et un étalement sur 12 mois des frais de raccordement, avec un ticket d’entrée de 5 000 FCFA. Environ 150 000 raccordements ont été réalisés durant les trois ans, soit une augmentation de plus de 50 % de la clientèle. Notons que la tendance habituelle se situe entre 8 % et 10 % l’an.

En termes de proximité, quelles améliorations avez-vous apportées dans la relation entre la CEET et sa clientèle ?

En termes de politique de proximité, en plus de la politique habituelle d’ouverture d’agences, nous avons mis en place un centre d’appel, et nous avons réduit les longues files d’attente à nos guichets par l’utilisation des plates-formes de paiement avec les deux opérateurs de réseaux cellulaires.

Quelle place occupe le volet énergétique dans le PND 2018-2022 ?

Le PND n’est pratiquement pas envisageable sans une politique énergétique cohérente. Cette politique doit réaliser un équilibre objectif entre la souveraineté énergétique, la sécurité énergétique et un accès total et équitable de la population aux services énergétiques. Cela suppose que ce service doive nécessairement revêtir un caractère public tout en respectant les standards de qualité. C’est dans cet esprit que le Togo a lancé sa stratégie d’électrification nationale : elle tient compte de tous ces aspects et décline la vision du PND.

Sur la période 2017-2018, quels investissements ont été entamés en vue du renforcement et de l’extension du réseau ?

En ce qui concerne les projets qui ont un impact direct sur l’accès à l’électricité pour les populations tout en garantissant une qualité d’énergie distribuée, on peut notamment citer les deux projets bouclés dans la période. En premier lieu, le projet de démantèlement des réseaux à toile d’araignée : 150 km de réseaux déployés et 10 000 raccordements illicites ont été mis en conformité avec, en plus, 20 000 nouveaux raccordements. Ce projet est exécuté sur des fonds propres. En second lieu, le projet de renforcement et d’extension du réseau électrique de distribution dans les zones périurbaines de Lomé et les villes de l’intérieur, soit 450 km de réseau basse tension déployés pour le démantèlement des réseaux illicites et pour l’extension. En tout, cela signifie le raccordement ou la mise en conformité d’environ 50 000 clients sur financement d’EXIM BANK CHINE à hauteur de 17 milliards de FCFA. Quant aux projets entamés au cours de la période, on compte le projet d’électrification de 183 villages en début d’exécution fin 2018 à partir d’un financement EXIM BANK INDE pour un montant de 16 milliards de FCFA, et l’électrification de 78 localités rurales réparties sur l’ensemble du territoire en début d’exécution fin 2018 et sur financement BID, FSID et OFID pour un montant de 9,45 milliards de FCFA.

Et qu’en est-il des énergies renouvelables ?

En ce qui concerne les énergies renouvelables, un projet initié par l’État et financé par l’UEMOA a permis d’installer 4 mini-centrales solaires d’une puissance totale de 600 KWc (deux de 100 KWc, une de 150 KWc et une de 250 KWc) dans des localités éloignées du réseau électrique, toujours dans l’objectif de mettre à disposition des citoyens de l’énergie électrique et de permettre un développement inclusif des localités concernées. L’exploitation de ces centrales solaires a débuté en janvier 2018. Á cette date, près de 850 clients ont été raccordés.

Les coûts de l’énergie proposés par la CEET aux industriels et à la population sont-ils compétitifs dans la CEDEAO ?

C’est vrai, nous ne sommes pas les moins-disants en matière de coûts énergétiques proposés aux industriels et à la population. Nous sommes plutôt proches des mieux-disants si l’on ajoute en contrepartie la qualité du service fourni, que nous nous efforçons de garantir à nos clients, avec un tarif qui n’a pas été augmenté depuis 2011 malgré la pression exercée par les hausses successives des prix des produits pétroliers. C’est aussi vrai que les niveaux de service proches des standards reconnus ne peuvent pas être obtenus en pratiquant des tarifs extrêmement bas.

Comment la CEET, société de distribution et de vente de l’énergie électrique, opère-t-elle la distribution dans les localités isolées et à faible consommation ?

L’accès de tous au service énergétique tel que décliné dans la stratégie nationale de l’électrification se présente comme suit : 900 000 ménages sont à raccorder d’ici à 2030 au réseau électrique national (CEET), 55 000 ménages sont à raccorder aux réseaux minigrid pour les localités à densité moyenne et isolées du réseau national, et enfin 550 000 ménages vont bénéficier de kits solaires individuels dans les localités à faible densité de population. Les activités de la CEET sont essentiellement centrées sur le premier volet, avec quelques ramifications vers l’électrification des localités isolées à moyenne densité.

En qualité de manager de la CEET, quelles sont vos priorités sur 2019-2020 ?

Une seule priorité : poursuivre les réformes nécessaires à la réussite du PND, précisément sur le volet énergie électrique.

Propos recueillis par Paul de Manfred
Économies Africaines – Édition Togo 2019

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