Un atelier national sur les réformes politiques et institutionnelles s’est ouvert le lundi 11 juillet 2016 à Lomé. L’initiative est du Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité nationale(HCRRUN) et vise à recueillir les avis des uns et des autres sur les réformes politiques et institutionnelles, une manière de préparer l’avenir du pays dans la compréhension mutuelle et dans un esprit d’apaisement.
Durant cinq jours, experts venus du Maroc et du Ghana partageront leurs expériences avec ceux du Togo, les acteurs politiques, la jeunesse et la société civile togolaise. Il s’agit plus précisément des échanges axés sur la mise en place des politiques de réformes, sur la gouvernance locale, sur le rôle et les responsabilités des différents acteurs dans le processus de réformes, etc…
A l’ouverture des travaux, la président du HCRRUN, madame Awa Nana, s’est félicitée de l’engouement qui s’est manifesté autour de l’initiative et a salué tous ceux qui ont accepté répondre présents à l’atelier, car pour elle, « il s’agit de l’avenir de notre pays ». Elle s’est dit confiante de l’issu qu’offrira une telle initiative.
« Nous avons tous l’obligation de tout mettre en œuvre afin d’aller au bout de cette volonté commune », a précisé pour sa part, le Premier Ministre Sélom Klassou. Il a insisté sur le but visé dans l’organisation d’une telle rencontre.
« Le présent atelier a pour mission d’explorer toutes les pistes susceptibles de contribuer à trouver des solutions idoines et durables pour notre pays », a-t-il déclaré. Pour le chef du gouvernement, la disponibilité dont les participants ont fait preuve, pour prendre part à l’atelier, traduit l’intérêt tout particulier qu’ils portent à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit dans le pays. Pour lui, il est légitime de se poser la question de savoir pourquoi depuis (plus de 25 ans) les multiples initiatives prises à cet effet n’ont pas donné tous les résultats escomptés ?
A cette question, le premier ministre se réfère à l’histoire commune récente du pays où plusieurs épisodes de crises sociopolitiques ont contribué à exacerber la méfiance entre les acteurs politiques et par ricochet affecté profondément le tissu social. Pour le chef du gouvernement, les différentes approches de solutions préconisées en l’occurrence l’élaboration de la Constitution de 1992 par certains courants politiques du moment tout comme les amendements apportés à certaines dispositions de cette Constitution en 2002, cette fois-ci par d’autres forces politiques, sont entre autres, l’illustration parfaite que les réformes ne se feront au Togo « ni les uns sans les autres, ni les uns contres les autres ». Pour Klassou, il ne faut plus échouer.
Un échec que craint d’ailleurs, le président du Nouvel Engament Togolais(NET), Gerry Taama, qui dès l’ouverture de l’atelier a laissé sur sa page facebook une déclaration pleine de sens.
« Je suis à l’atelier sur les réformes, organisé par le HCRRUN. En dehors des partis regroupés au sein du CAP2015 et le parti des togolais, tous les autres partis sont là. Même si les réformes ne sont pas immédiatement être faites au lendemain de ces rencontres, il faut un début à quelque chose. L’absence de l’ANC me désole. On va encore se retrouver dans une sorte de CPDC. Ceux qui ne sont pas là contestent les décisions de ceux qui sont là, et ceux qui sont là ne veulent pas faire le travail de ceux qui ne sont pas là. Le Togo est un éternel recommencement », déclare le président du NET.
Concernant, les absences, l’ANC et ses alliés réunis au sein de CAP 2015 se sont une fois encore illustrés, en des abonnés absents, comme pour confirmer le fait qu’ils font partis de ceux qui veulent une chose et en temps son contraire, donnant ainsi raison, aux critiques selon lesquelles, Fabre et ses alliés ne voudraient point des réformes, et donc de la résolution de la crise politique au Togo.
Il y a quelques semaines, la vice-présidente de l’ANC, s’appuyant sur les recommandations de la CVJR (Commission Vérité Justice et Réconciliation) adressait une correspondance dans laquelle elle dénonçait la démarche du HCRRUN, estimant que le débat sur les réformes politiques et institutionnelles ne relevait pas de ses compétences. Ce que la président du HCRRUN a rejeté en essayant de lui rafraichir la mémoire sur la recommandation 57 de la CVJR en son alinéa 2 qui stipule que « … Mais à défaut et par souci de célérité, le Haut-commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale déjà créé depuis 2008, pourrait être chargé de cette mission. Cependant, ses attributions et sa composition qui font de lui un organe consultatif en matière de réconciliation auprès du Président de la République, ne répondent pas à la mission qui pourrait lui être confiée dans le cadre de la mise en œuvre du présent programme de réparation. Une restructuration devra impérativement et préalablement intervenir pour le rendre autonome et renforcer son indépendance vis-à-vis des autorités politiques, conditions indispensables à son fonctionnement efficace et efficient. L’organisation et le fonctionnement de cette institution indépendante devront être précisés dans le texte la créant ou la restructurant ».
De même, s’agissant de l’organisation de l’atelier, du HCRRUN, Awa Nana a trouvé les mots justes pour recadrer Isabelle Améganvi en s’appuyant sur la recommandation 8 de la CVJR.
« Par ailleurs, l’organisation de l’atelier de réflexion et d’échanges sur les réformes n’est pas une invention du HCRRUN », a déclaré Awa Nana. Se basant d’une part sur la recommandation n°8 de la CVJR qui évoque la question des réformes institutionnelles et qui précise que c’est « …un problème complexe qui mériterait d’être posé dans le cadre d’une réflexion sérieuse devant nous amener à nous interroger sur le modèle occidental en vigueur dans notre pays depuis l’indépendance… », et d’autre part sur l’alinéa suivant de cette recommandation 8, qui dit que « la CVJR recommande par conséquent l’organisation d’une large réflexion sur la question associant personnalités politiques, juristes, sociologues, historiens, organisations de la société civile en vue de déterminer les institutions en mesure de nous assurer une gouvernance adaptée à nos réalités », Awa Nana justifie clairement l’organisation de cet atelier.
Aujourd’hui, selon plusieurs observateurs, l’absence des partis politiques de CAP215 est un aveu clair qui démontre effectivement que ce regroupement à un autre agenda dans cette crise.
Vivement que l’initiative d’Awa Nana contribue à quelque chose pour la résolution de cette question de réformes politiques, il y va de l’avancement du pays.