Dans la cadre de la commémoration des 63 ans de l’accession à la souveraineté internationale du Togo, le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé s’est entretenu avec la presse de son pays. Il s’agit d’une première depuis son avènement à la tête de la magistrature suprême dans le pays. Par cet entretien, Faure Gnassingbé dit avoir écouté les reproches qui lui ont souvent été faits sur cet absence d’entretien avec les médias de son pays. Une démarche qui va visiblement faire honneur aux professionnels des médias du Togo qui n’en demandaient pas mieux.
Gil Bocco et Charlotte Médéwé-Guézéré de New World Tv, sont les deux journalistes qui ont eu le privilège de poser des questions au chef de l’Etat. La sécurité, le social, l’économie, bref le développement dans tout son ensemble ont été les sujets autour desquels cet entretien inédit a eu lieu.
Les nouvelles du front, pour aborder le sujet sur la sécurité dans le pays, particulièrement dans la région nord du Togo, ont été décortiquées en 3 étapes par le chef de l’Etat.
« Vous savez que j’ai souvent eu l’habitude de commencer mes discoures en félicitant et en encourageant les forces de l’ordre. Parce que je sais que sans la paix et la sécurité, aucun pays ne peut se développer, en tout cas, pas le nôtre. Je sais aussi que c’est un acquis qui est toujours précaire. Nous-mêmes, nous avons envoyé des militaires pour les opérations de maintien de la paix ailleurs, nous savions ce qui se passait et ce qui se passe toujours dans la sous-région. Aujourd’hui ce qui nous arrive est une forme d’agression par deux groupes je crois. Un, s’appelle l’Etat Islamique au grand Sahara et l’autre le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Deux organisations terroristes qui attaquent notre pays, et avant notre pays, ont attaqué des pays de la sous-région par le sahel. Cette attaque est une forme de guerre, parce que vous connaissez le côté pacifique des togolais, ça toujours été notre volonté de vivre en bonne intelligence avec nos voisins et d’accueillir avec beaucoup d’hospitalité de gentillesse, ceux qui viennent vers nous. Mais nous avons une obligation, c’est de défendre notre pays », a fait savoir Faure Gnassingbé dès l’entame. Poursuivant son intervention, le chef de l’Etat dresse un bilan lourd, depuis ces attaques, notamment du côté des forces de l’ordre et de sécurité. Une quarantaine d’hommes à peu près, a-t-il indiqué. A ce bilan vient s’ajouter celui des civils tués. Là aussi, Faure Gnassingbé fait savoir qu’ils sont une centaine à peu près. C’est au regard de ce bilan qu’il laisse entendre que le pays est en guerre.
« Vous voyez que ce n’est pas exagéré de parler de guerre », fait savoir Faure Gnassingbé.
Pour lui, même si ce n’est pas une guerre au sens propre du terme, il a raison de croire que c’est tout de même le cas, au vu des dégâts et les conséquences surviennent.
« Certes ce n’est pas une guerre continue, mais ce sont des attaques meurtrières, des destructions et des familles endeuillées. Et ce n’est pas parce que ce sont des attaques sporadiques qu’il faut baisser la garde ou se laisser endormir », ajoute le président de la république, pour qui, ce qui se passe, est loin d’être des incidents isolés, parce que, pour contrer ces genres d’attaques, estime-t-il, « c’est une vigilance de tous les instants », puisque « vous pouvez rester un mois, deux mois sans attaques, et une attaque meurtrière survient ».
Pour le numéro 1 togolais, ce qui se passe chez les voisins qu’ils soient du nord, de l’Est ou n’importe où, impact forcément le Togo étant entendu que des togolais vivent dans ces pays et il y a des échanges commerciaux également avec ces pays.
Parlant des mesures prises, Faure Gnassingbé a relevé une stratégie sur trois piles qui est mise en place. La première, indique le chef de l’Etat, « c’est de nous défendre par les armes , parce que nos hommes sont attaqués, nos hommes sont tués . Et c’est la raison de la mise en place de l’opération Goundjouaré , qui était une posture préventive, après défensive et maintenant offensive de temps en temps. Il y a des succès qui sont faits avec cette mesure, même si le gouvernement ne communique pas là-dessus, renchérit le chef de l’Etat.
La deuxième mesure, c’est d’essayer de déradicaliser ou de prévenir la radicalisation des populations, parce que ce sont des hommes, des jeunes qui sont utilisés pour mener ces attaques-là. Et la troisième mesure, c’est le plan d’urgence pour la résilience des populations affectées.
Mais Faure avertit et rassure tout de même. « Les Togolais doivent s’attendre à un combat long mais au bout il y aura la victoire ».
« Nous avons été obligés, nous ne l’avons pas fait avec plaisir, de déplacer certaines populations pour mieux protéger la frontière. Vous connaissez la caractéristique de nos frontières qui sont souvent poreuses. 12 000 personnes à peu près ont été déplacées qu’on appelle des refugiés intérieurs qui sont dans les familles, avec le renforcement des infrastructures sanitaires et éducatives pour les mettre à l’aise », explique Faure Gnassingbé. 2000 togolais sont à l’étranger et nous travaillons, afin qu’ils reviennent, pour permettre aux élèves de passer les examens de fin d’année, a rassuré le chef de l’Etat. La politique, l’économie et le social a été également au menu de cet entretien.
« En politique, il faut avoir le sens du compromis », a-t-il précisé
Sur le plan économique, le président a fait état des progrès réalisés par le Togo ces dernières années en matière de développement et de croissance économique. Il a notamment mis en avant la mise en place de politiques favorisant l’investissement, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.
Enfin, le président a annoncé la mise en place d’un nouveau plan de développement pour le Togo, axé sur la modernisation des infrastructures, le renforcement des secteurs clés de l’économie et la promotion de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
En somme, l’entretien de Faure Gnassingbé avec la presse a été l’occasion pour le chef de l’État de faire le point sur les avancées et les défis du Togo, tout en réaffirmant son engagement pour la consolidation de la démocratie, le développement économique et la sécurité régionale.