La conférence des évêques du Togo(CET) s’est prononcée sur la dernière présidentielle qui a donné Faure Gnassingbé gagnant au premier tour avec 72,36% des voix. Dans leur message, les responsables de la CET qui sont revenus également sur la manifestation interdite du vendredi dernier, sont une fois encore passé à côté de la plaque. Et pourtant plusieurs fidèles catholiques espéraient que pour cette fois-ci les cœurs de nos évêques seront élevés pour qu’ils disent au moins la vérité pour une fois. Mais c’est sans compter sur l’hypocrisie de ces derniers. Et c’est comme à l’accoutumée dans presque tous leurs messages au sujet de la situation sociopolitique dans le pays, que nos évêques se sont encore prononcés, prenant fait et cause pour une partie de la classe politique togolaise, enveniment ainsi la situation déjà délétère que la prise de positon d’un des leurs, a entrainé, et continue d’entrainer au sein des fidèles catholiques dans le pays. Le comble, c’est qu’ils ne s’en sont pas cachés en apportant ouvertement leur soutien aux actes déplacés de Monseigneur Kpodzro qui a foulé et continue de fouler aux pieds les lois de la république.
« En effet, depuis la proclamation, par la CENI, des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 22 Février 2020, une vive tension est née au sein de la population. Dans ce climat de malaise et confusion, causé notamment par le manque de confiance des populations dans l’organisation du scrutin et les résultats provisoires proclamés, un bras de fer s’est engagé entre deux camps qui revendiquent la victoire. Cette situation était prévisible.
Avant la tenue du scrutin, la conférence des évêques du Togo avait recommandé aux « citoyens et citoyennes qui prendrons la décision d’aller voter, de faire usage de ce droit dans la paix et respect …… » Elle avait par ailleurs « exhorté toutes les institutions impliquées dans ce processus à assumer leur rôle dans la transparence, la justice, la vérité et le respect de la mission qui leur est assignée afin que celle-ci ne soit émaillée ni de fraudes ni d’aucune violence ». De même, elle avait marqué sa surprise et son indignation devant le refus opposé par le Ministère de l’Administration Territoriale à la demande d’accréditation présenté par le Conseil Episcopal Justice et Paix ; refus qui, aux yeux des Evêques était motivé par des raisons tout à fait contestables.
Les Evêques rappellent que la présence des observateurs de la société civile, aux côtés des organisateurs institutionnels, était de nature à créer la confiance des électeurs en crédibilité et la sincérité des résultats de leur vote.
Au regard de ce qui s’est passé sur le terrain, on peut dire que l’élection présidentielle du 22 février 2020, dans son ensemble, s’est déroulée dans un climat relativement apaisé. Mais pour ce qui concerne la transparence et l’équité de ce scrutin, on ne peut en dire autant, la main sur la conscience. C’est dans ce contexte très regrettable que la Conférence des Evêques du Togo adresse le présent message aux fidèles et à toutes les personnes de bonne volonté.
Afin de résoudre la crise qui s’est installée dans le pays et restaurer la confiance, la Conférence des Evêques exhorte les différents protagonistes et les instances du processus électoral à œuvrer pacifiquement au rétablissement de la vérité des urnes.
Depuis la proclamation des résultats provisoires, la Conférence des Evêques du Togo n’est pas restée inactive devant la situation de Monseigneur Philippe Fanako KPEDZRO. Elle n’a pas abandonnée l’Evêque, leur frère ainé, à son « triste sort », comme le présent à tort quelques fidèles. Dans la discrétion, la Conférence était plutôt en concertation, notamment avec la Nonciature Apostolique, pour trouver la solution la plus appropriée.
Contrairement à ce qu’affirment certains messages publiés sur les réseaux sociaux, les Evêques n’ont reçu ni voitures, ni aucun autre présent, de qui que ce soit, dans le but de tromper leur liberté d’appréciation et leur liberté d’expression.
Par ailleurs, la Conférence des Evêques, en tant qu’Institution de l’Eglise, ne pouvait pas appeler à la marche du vendredi 28 Février. Elle ne souhaitait pas exposer les manifestations au risque éventuel d’une répression. Pour autant, cette prise de position de principe, ne constitue en aucune manière un désaveu de la démarche courageuse de Mgr KPEDZRO, en faveur d’une cause que son cœur de Pasteur estime juste.
La conférence des Evêques dénonce le blocage imposé à la résidence de Monseigneur KPEDZRO, d’autant plus que cette mesure est non seulement une atteinte grave à sa liberté de mouvement, mais empêche aussi le fonctionnement du centre de santé à ce lieu.
Les Evêques déplorent que des prêtres aient été de célébrer l’Eucharistie dans la chapelle du centre de santé pour les Religieuses, le personnel de service et les malades.
Les Evêques ont vu avec contestation, les violences qui ont été à l’intérieur du Collège Saint Joseph ce vendredi 28 février, lieu où se sont réfugiées les personnes dispersées par les forces de sécurité. Elle condamne de nouveau, avec un sentiment de profonde indignation, ces instructions abusives dans les espaces privé et sacrés de l’Eglise, et demande le relâchement de tous ceux qui ont été interpellés dans ces conditions.
Enfin, la Conférence des Evêques invite chaque fils et filles de notre Pays, spécialement les fidèles catholiques, à prier et à œuvrer pour la paix dans la vérité et la justice. Elle les exhorte à éviter toute provocation et toute violence, en gardant la foi en Dieu qui à coup sûr, nous aidera à sortir de cette tempête qui secoue notre pays », lit-on dans le message des évêques.
Et voilà qui est claire. Contrairement à ce que la CET a toujours fait croire, elle n’est pas neutre, elle est tout simplement hypocrite, et c’est triste ! Confère leurs différentes déclarations successives.
Aujourd’hui, le message de la CET vient juste confirmer les accusations que le ministre de l’administration territoriale portait sur l’Eglise catholique et qui l’ont obligé à refuser l’accréditation à la Conférence Episcopale Justice et paix pour l’observation de la présidentielle du 22 février 2020. Le ministre avait raison.
Beaucoup se pose la question de savoir si les responsables de l’Eglise catholique sont-ils au dessus des institutions régionales et internationales qui ont des mécanismes de surveillance bien rodés pour les élections ? La réponse est sans équivoque, et c’est non ! D’où alors, peuvent-ils détenir la vérité des urnes dont ils font allusions plus que les institutions sous régionales et internationales ? Voilà qui est tout aussi triste.
En outre, la posture surréaliste et irresponsable qu’affiche monseigneur Kpodzro amène tout observateur à se demander si le prélat n’a pas des comptes personnels qu’il voudrait régler.
Le paradoxe, c’est que dans leur message, nulle part, les évêques n’ont fait allusion au comportement de Kpodzro qui a foulé aux pieds les lois de la république dans certains de ses agissements (confère la remise du drapeau à son candidat dans une église et la défiance des autorités de passer outre l’interdiction de manifester, alors même qu’aucune démarche n’a été faite dans ce sens comme le stipule la loi du pays, par Kpodzro et sa dynamique).
Afficher clairement leur soutien à leur ancien prouve que même dans ses gestes et autres agissements, les évêques sont pour. Un comportement tout aussi irresponsable, si l’on sait que ce ne sont pas seuls, les partisans du candidat de Kpodzro qui sont fidèles catholiques. Ce qui conduit à conclure que la CET contrairement à ce que certains pensent ou ce qu’elle-même affiche en apparence, constitue une menace pour la cohésion dans le pays. Ce n’est pas exagéré.
Les togolais, surtout les chrétiens catholiques, vivent des moments tristes depuis quelques temps, lorsque Kpodzro a décidé que ce soit ainsi. Mais l’on croyait que la CET pourrait leur apporter un petit soulagement, mais hélas, c’est le contraire, la CET a enfoncé le clou avec sa triste sortie du dimanche. D’où la réaction du parti politique Cercle des Leaders Emergents(CLE) qui dit être surpris du message des évêques.
Pour Yacoubou Me Agnina, président national de CLE, « un tel communiqué qui intervient dans une période de carême pendant laquelle doivent prévaloir la vérité et le pardon pèche par ses insinuations qui se voient à l’œil nu ».
« Demander à ce que soit rétablie la vérité des urnes suppose que celle-ci a été tronquée et que les résultats proclamés par la CENI ne reflètent pas ladite vérité. Il s’agit ni plus ni moins d’une prise de position tendancieuse qui ne se justifie nullement, d’autant plus tôt dans le même communiqué, les évêques ont déploré que les observateurs de l’Eglise catholique n’aient pas pu bénéficier de l’accréditation nécessaire aux fins d’observer, les élections du 22 février 2020 », indique CLE qui se demande qu’en l’absence d’observation, sur quelles preuves dispose l’Eglise Catholique pour insinuer que les résultats publiés par la CENI ne sont pas conforme à la vérité des urnes ?
« C’est donc sans preuve et sans aucun fondement que les évêques appellent au rétablissement de la vérité des urnes qui existe bel et bien déjà », ajouté Me Yacoubou.
La rédaction