Nécrologie : Décès de Me Agboyibo à Paris

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C’est en cette fin de journée du samedi 30 mai 2020 que l’annonce du décès de Me Aywovi Agboyibo, ex premier ministre du Togo et président national du Comité d’Action pour le Renouveau(CAR), l’un des premiers partis politiques d’opposition au Togo, est parvenue au sein de l’opinion.

Selon les informations, l’homme était souffrant ces derniers temps. Il était à Paris pour les soins, mais sa courte maladie aura eu raison de lieu, et l’a emporté. Paix à son âme.

Qui était Me Agboyibo,’’ le bélier noir’’, comme l’appellent affectueusement certains ?

Yawovi Agboyibo ou Yaovi Agboyibor est un homme politique togolais, premier ministre du 20 septembre 2006 au 6 décembre 2007 et fondateur du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR).

Avocat de formation et militant des droits de l’homme, il est considéré comme un opposant modéré. Me Agboyibo est à l’origine de la création de la Commission nationale des droits de l’homme(CNDH) au Togo, fondée en 1987 et dont il est le premier président (1987-1990). Il a joué un rôle important dans le processus de démocratisation du Togo.

Fondateur du Comité d’action pour le renouveau (CAR) en 1991 qu’il va diriger jusqu’en 2008 où il a tenté de céder provisoirement la place pour devenir président d’honneur.

Aboyibo sera celui qui va négocier et obtenir une amnistie générale des opposants exilés ainsi qu’une charte introduisant le multipartisme. En 1993, pour protester contre l’invalidation de la candidature de Gilchrist Olympio à l’élection présidentielle, son parti le CAR décide de boycotter le scrutin. Gnassingbé Eyadema est facilement réélu. En 1994, le CAR obtient 36 sièges sur 81 au Parlement. Le poste de premier ministre revient cependant à Edem Kodjo dont le parti a obtenu 7 sièges, qui renverse son alliance avec le CAR en faveur du Rassemblement du peuple togolais (RPT, l’ancien parti unique qui a obtenu 35 sièges), ce qui lui permet de former une nouvelle majorité.

En 1998, il décide de se présenter à l’élection présidentielle avec son parti le CAR. Il obtient alors 9,5 % des voix. Il est également l’un des signataires de l’accord-cadre de Lomé en juillet 1999.
Le 3 août 2001, Agboyibo est emprisonné en raison d’une plainte en diffamation du premier ministre Kodjo Agbéyomé. Le processus de dialogue politique entre l’opposition et le pouvoir est alors interrompu. La cour d’appel de Lomé annule les poursuites contre Agboyibo et ordonne sa libération en janvier 2002 mais celle-ci n’intervient effectivement qu’en mars4.
En 2003, Aybogoyibo est de nouveau candidat à l’élection présidentielle et obtient 5,1 % des voix, loin derrière Eyadéma et Emmanuel Bob Akitani, le candidat de l’opposition radicale (UFC).
En septembre 2006, Agboyibo succède à Edem Kodjo au poste de premier ministre.
En 2008, Agboyibo quitte la présidence du CAR et laisse la place à Dodji Apevon. Agboyibo devient président d’honneur du parti.
Agboyibo est encore candidat à l’élection présidentielle de 2010 mais arrive loin en troisième position avec 2,96 % des voix derrière Faure Gnassingbé, et Jean-Pierre Fabre, le candidat de l’opposition radicale.
Le CAR connait une crise en 2016 laquelle aboutit au départ d’une partie de sa direction (la moitié des cadres), menée par Apevon, qui fonde un nouveau parti, les Forces démocratiques pour la République (FDR). Agboyibo redevient président du CAR en janvier 2017. Il décède à Paris (France), le 30 Mai 2020 à l’âge de 76 ans des suites d’une courte maladie.

Ouvrages
• Yawovi Agboyibo, Combat pour un Togo démocratique, éditions Karthala, 1999.
• Encyclopédie juridique pour l’Afrique (tome IX), Nouvelles éditions africaines, 1982.

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