Le feuilleton dit de « pétrolegate » continue de tenir en haleine l’opinion publique togolaise. Ces derniers jours, c’est la publication de certaines séquences du rapport provisoire, qui a fait le chou gras de la presse et invité une partie de la société civile dans la danse. Ceux qui se sont intéressés au dossier depuis le début ont pour certains donné leurs avis. Mais au vue de certains commentaires, il nous semble que beaucoup ne sont pas allés au fond, soit par manque d’éléments ou soit par une volonté manifeste de ne pas vouloir faire convenablement les recherches pour des raisons qu’eux seuls peuvent élucider. Votre journal le messager qui s’est intéressé au dossier depuis quelques temps, a pu avoir un certain nombre d’éléments en lien avec le dossier et qui comportent des incohérences que nous mettons à votre disposition dans cette édition. Par ailleurs, une seule question, que se posent nous nous posons et qui aussi celle de plusieurs observateurs qui suivent de prêt ce dossier. Pourquoi ce mutisme du Ministre en charge du commerce dont le département est directement visé par cette affaire, puisqu’il « s’agirait » de malversations au sein du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP), structure dont, le ministre lui-même est Président ?
Pour permettre à nos lecteurs (trices) de mieux s’ouvrir sur ce dossier qui emploie assez d’encre, nous nous faisons le devoir de les accompagner à travers des questionnements afin que les réflexions ou les vraies interrogations fassent jour. Bien plus, il s’agit pour nous, de faciliter une meilleure compréhension de ce sujet et particulièrement de ce dossier qu’on aurait décidé ailleurs, de faire passer par des contorsions et des gymnastiques exécrables, pour du vite et déjà consommé.
Pour ce faire, nous tacherons de rappeler ou d’exposer à nos lecteurs (trices) toutes les stratégies mises en œuvre par certains « saints » pour tenter de cacher la vérité.
Ainsi dit, et selon nos bribes d’informations, le Ministre Adedze aurait fait une déclaration le 01/09/2020 devant la représentation nationale à propos de cette affaire dite «Petrolegate ».
De nos tentatives de vérifier cette information, il en ressortirait que le Ministre Adedze ne s’est jamais « exprimé » et n’a jamais été entendu sur cette affaire devant la représentation nationale.
S’il est vrai que les députés se sont effectivement réunis le 01/09/2020 en session ordinaire en présence du Premier Ministre à l’époque, Komi KLASSOU, c’était pour un tout autre motif.
Aux dires de nos confrères du site internet republicoftogo.com, l’objet était le suivant :
« Les députés masqués sont de retour à l’Assemblée. La session ordinaire s’est ouverte en présence du Premier ministre Komi Selom Klassou. Les différentes commissions devront examiner 23 projets de loi, parmi lesquels le projet de budget 2021 actuellement en élaboration au ministère de l’Economie et des Finances. Il sera d’abord soumis au gouvernement avant d’atterrir sur le bureau de la commission des Finances. »
En poursuivant nos investigations, nous sommes tombés sur une correspondance en date du 06 juillet 2020 du Ministre du Commerce Kodjo Adedze à l’attention de Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale. Nous vous proposons ci-après quelques morceaux choisis de ce texte. A seule fin de vous confirmer que nous ne brassons pas du vent dans ce dossier.
Encadre 1 :
• Sur les textes juridiques, le Ministre Adedze déclare :
• A la question relative aux déclarations de notre confrère L’Alternative, dans sa parution du 09/06/2020, le Ministre Adedze déclare :
Une déclaration qui, pour l’instant, ne saurait susciter de commentaire de notre part.
• A la question 4, le Ministre Adedze déclare :
• A la question 5, le Ministre Adedze déclare :
Ici également, nous nous réservons de tout commentaire de notre part.
• A la question 6, le Ministre Adedze déclare :
Cette réponse du Ministre Adedze est étonnante à plus d’un titre. En effet, après vérification, il apparait que depuis que le Ministre Kodjo Adedze est en charge du Commerce et organise les appels d’offres, le trader Vitol aurait gagné les appels d’offres des mois de mai 2019, septembre 2019, janvier 2020, avril 2020 et septembre 2020.
Dans le registre du questionnement, de deux choses l’une :
-soit le Ministre Adedze aurait lui aussi mal fait son travail et on devrait dans ce cas l’auditer,
-soit nous ne comprenons vraiment pas sa réponse.
• A la question 7 relative aux sociétés MH et TPC, le Ministre Adedze déclare :
A ausculter le document du Ministre Adedze, nous pouvons affirmer avoir compris ceci :
• Avec la question 4, nous avons compris que le Trésor Public ne sort pas d’argent pour acheter les produits pétroliers.
• Avec la question 7, que ce sont les marketers qui sortent l’argent pour acheter les produits pétroliers
• Qu’avant, ils déposaient l’argent sur un compte séquestre sur lequel il y a eu des insuffisances
• Que maintenant, les traders ont préféré que leurs intérêts soient garantis par une société privée.
Par contre, les points qui appellent des questionnements demeurent et sont :
• Si le 06/07/2020, le Ministre Adedze (Président du CSFPPP) et le Ministre Sani YAYA (vice-président) du CSFPPP sont au courant d’une telle situation, à savoir qu’il n’y a pas de fonds du Trésor Public dans cette opération, pourquoi déclenchent-ils un audit qui aujourd’hui se retrouve dans la presse et menace d’emporter tous leurs prédécesseurs qui sont du même bord politique qu’eux ? En plus, si les premières recommandations du rapport d’audit dans sa version provisoire paraissent comme des délibérés en première instance, car nous savons que les parties incriminées ont logiquement un (01) mois pour se pourvoir, et qu’elles jetteraient déjà en pâture des citoyens, au regard de son exploitation, nous sommes tentés de nous poser la questions de savoir si le Président du CSFPPP et son vice seraient-ils plus blancs que neige ? Nous nous posons autant de questions avec l’espoir d’y avoir des réponses claires et bien précises. Tout en sacrifiant à cet exercice en toute indépendance d’esprit et en ne cédant à tout chantage et tentatives de diffamation, de dénigrement. L’objectif pour nous est de contribuer à une meilleure compréhension du sujet, dirions-nous, du dossier « Petrolegate ».
Revenant à notre questionnement si les Ministres Kodjo Adedze et Sani Yaya pris en qualité de Président et de vice-président du CSFPPP, il nous plait de demander à nos lecteurs et lectrices, s’ils ont réellement compris quelque chose ? Nous nous retrouvons également dans ce champ de questions à élucider sauf qu’avec le courrier ci-après, 0690/MCIDSPPCL/CAB en date du 08 mai 2020, c’est la catastrophe. Nous ne comprenons plus rien.
A la lecture de ce fac similé, essayons donc de récapituler, toujours par des interrogations, pour suivre :
• Nous avons un Ministre du Commerce qui affirme que le Trésor Public ne sort pas d’argent pour acheter les produits pétroliers,
• Nous avons un Ministre du Commerce qui affirme que suite à des insuffisances, le compte séquestre qui garantissait les traders a été remplacé par une société privée garantissant les intérêts des mêmes traders,
• Nous avons un Ministre du Commerce qui affirme que sont déposés sur les comptes de cette société, l’argent d’opérateurs économiques privés en l’occurrence les marketers,
• NOUS avons un Ministre du commerce qui affirme dans un courrier officiel à une banque commerciale que : « Le Gouvernement a décidé de prendre en charge à la fin de l’année 2010 l’importation des produits pétroliers » alors qu’il déclare à la représentation nationale que l’importation des produits pétroliers par le Gouvernement a commencée en 2008,
• NOUS avons un Ministre du commerce qui affirme d’un côté que la société MH a été créée pour garantir les intérêts des traders, tantôt que la société a été mise en place pour appliquer le décret No 2010/146/PR du 26/11/2010 relatif au mécanisme d’ajustement,
Et sachant tout ça, NOUS avons un Ministre du Commerce qui écrit à une banque privée pour lui demander « sous prétexte de réforme », qu’on mette sa signature sur les comptes d’une société privée, gérant des fonds privés.
Il y a quand même une question à se poser à ce niveau.
Pour rappel, le Ministère du Commerce était chargé jusqu’à récemment de la promotion du Plan national de développement (PND), un programme estimé à plus de 4500 milliards de FCFA financé à plus de 2/3 par le secteur privé.