Au seuil du nouvel an, l’Église catholique au Togo reste très préoccupée par la crise sociopolitique que connaît le pays depuis cinq mois. Dans leurs vœux pour 2018, les évêques des sept diocèses ont unanimement, évoqué cette crise et appelé à une solution pacifique.
Pour la nouvelle année, les sept évêques togolais ont, comme de coutume, souhaité leurs vœux aux fidèles catholiques. Dans son message de vœux, le président de la Conférence des évêques du Togo, Mgr Benoît Alowonou, également évêque de Kpalimé, dans le sud-ouest du Togo a déploré « une année de crises avec des morts, des blessés et des déplacés ». Pour lui, « un seul mort est déjà un mort de trop, car les divergences entre Togolais ne devraient pas se résoudre dans la violence, le sang et la mort ».
Depuis août, le pays connaît une crise sans précédent, avec de gigantesques manifestations de rue pour réclamer la limitation du mandat présidentiel, le vote de la diaspora et la démission du président Faure Gnassingbé.
À l’appel de quatorze partis politiques de l’opposition et de plusieurs organisations de la société civile, la pression de la rue se poursuit par des marches fréquentes, parfois violemment réprimées. C’est dans ce climat de tension et de peur que les Togolais ont vécu les fêtes de fin d’année. Du 27 au 30 décembre, les mouvements de protestation ont mobilisé des milliers de personnes dans les rues de Lomé. Ces revendications politiques ont entraîné une quinzaine de décès, des centaines de blessés, des arrestations, des départs en exil et des dégâts matériels.
« Sauvegarde de la cohésion nationale »
Les évêques, préoccupés par cette situation de crise, ont plusieurs fois appelé les protagonistes au pardon et à la « sauvegarde de la cohésion nationale ». Dans ses vœux pour 2018, Mgr Dominique Guigbile, évêque de Dapaong (nord) a témoigné aux victimes de cette crise et à leurs familles sa « compassion » et sa « proximité affective ».
«Le plus grand problème de notre humanité, c’est l’égoïsme », a diagnostiqué l’évêque d’Atakpamé, à 120 km au nord-ouest de la capitale Lomé. Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, se référant à une anecdote du président américain Abraham Lincoln rapporté par Pino Pellegrino, un auteur italien. Un constat confirmé par l’évêque de Kpalimé qui interpelle en ces termes : « Quittons nos larges chemins de l’orgueil et de l’indifférence, prenons le sentier de l’amour fraternel car large est le chemin de la mort, étroit est le sentier de la vie ».
Les évêques ont également, chacun en ces termes propres, souhaité la paix à leurs compatriotes. « Pour que la paix règne dans nos cœurs, dans nos foyers, dans nos familles, dans notre Eglise-famille de Dieu qui est à Lomé et au Togo, il faut que nous travaillions à la vérité qui est le fondement de la paix », a exhorté Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, archevêque de Lomé. Il a ensuite appelé ses concitoyens à pratiquer la vertu de l’humilité, en même temps que Mgr Barrigah selon qui l’humilité est la plus grande grâce.
Vers des pourparlers pour une sortie de crise
L’évêque de Sokodé, dans le centre du pays, Mgr Célestin-Marie Gaoua, a souhaité « que cette année, voie le Togo pacifié au nom de Jésus le sauveur du monde », tandis que Mgr Isaac Gaglo, évêque d’Aného (sud-est) exhorte : « Traçons ensemble, le noble chemin vers le développement humain intégral dans le respect de nos différences et jetons sur l’année qui commence un regard optimiste soutenu par la foi » en Dieu. « Que dans nos familles, les cœurs s’ouvrent largement pour accueillir Dieu, source de paix, de joie et de prospérité », renchérit l’évêque de Kara (à 400 km au nord de Lomé) Mgr Jacques Longa.
Des pourparlers entre le pouvoir togolais et l’opposition sont attendus pour une sortie de crise sous la médiation de plusieurs présidents de la sous-région ouest-africaine.
Charles Ayetan (à Lomé)