‘La question de la candidature du Chef de l’État, relève exclusivement de son parti’

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Telle est la position d’un cadre de la majorité présidentielle, David Ourna Gnata (photo). La crise sociopolitique que traverse le pays tire inexorablement à sa fin avec l’ouverture du dialogue inter togolais dans les prochains jours. Et pour que ce dialogue réussisse, il va falloir que le parti au pouvoir tout comme l’opposition fasse des concessions pour une sortie de crise. C’est d’ailleurs l’appel que leurs lance cet acteur avisé de la scène politique David Ourna Gnata (Photo) dans cette interview accordée à nos confrères de gapola.net.

Lisez plutôt !

Gapola : Depuis le 19 août dernier, le Togo est secoué par une crise politique caractérisée par des manifestations de l’opposition. Cela n’était-il pas prévisible ?

David Ourna Gnata : La crise politique au Togo ne date pas du 19 août 2017. Vous savez très bien que le pays était engagé dans un processus de réformes bien avant le 19 août. Et il fallait résoudre un certain nombre de problèmes d’où la mise en place de la Commission Awa Nana qui était en tournée dans le cadre de la réalisation des réformes politiques dans le pays. Ce qui était prévisible dans le pays c’est la crise socio-économique et les frustrations liées au quotidien très difficile des Togolais. Le manque de lisibilité et de visibilité des actions gouvernementales était à la base de tout.

Alors les manifestations pourraient-elles amener le gouvernement à opérer les réformes politiques?

Non! Il faut dire que les manifestations ont amené le gouvernement à précipiter la mise en œuvre de ces réformes qui étaient d’ailleurs en cours. Et j’espère bien que le dialogue qui s’annonce pourrait nous amener à aboutir rapidement à ces réformes. Cette question dure de trop, depuis 2006. Et c’est toute la classe politique qui a péché. Il y avait des conditions dans l’Accord Politique Global (APG) à remplir pour parvenir rapidement aux réformes, mais dès le lendemain de la signature de cet accord, les acteurs politiques ont violé les dispositions de l’accord, en refusant de participer au gouvernement qui était prévu avec les élections législatives 2007.

Le gouvernement n’avait-il pas la possibilité d’opérer à lui seul les réformes au lendemain de l’APG?

Non! Non! Pas du tout. Dans la logique du consensus, le gouvernement ne pouvait pas opérer à lui seul les réformes. Je dirais que le gouvernement est peut-être, aujourd’hui tombé dans le piège de ce consensus, puisque c’est ce gouvernement qui est accusé aujourd’hui de ne pas avoir la volonté d’opérer ces réformes. Il faut reconnaître que ce gouvernement depuis la signature de l’APG, a mis en place des cadres de discussions nécessaires pour aboutir à un consensus. Mais malheureusement, le refus de participer et l’incohérence, du moins l’inconstance dans les positions de l’opposition n’ont pas permis la mise en œuvre de ces réformes à temps.

Aujourd’hui le gouvernement propose le dialogue. L’opposition sans refuser, pose des préalables. Le gouvernement doit-il céder à ces préalables?

Céder, c’est trop dire. Mais il s’agit de créer des conditions d’apaisement nécessaire pour que les discussions se fassent dans la sérénité. Ce n’est pas une question de rapport de force. Mais il s’agit de créer un climat d’apaisement qui favorise le bon déroulent des discussions. Le Togo a besoin d’un dialogue qui soit inclusif. Si le gouvernement cède à la volonté de l’opposition, en excluant d’autres des discussions, c’est faire l’apologie de la violence. Tous les acteurs s’inscrivent dans la réalisation de ces réformes et chaque acteur doit être impliqué dans les discussions pour aboutir à des décisions consensuelles acceptées par tous.

Pour vous le gouvernement a-t-il fait assez fait pour cet apaisement ?

Le gouvernement fait ce qu’il peut et nous attendons que le gouvernement fasse davantage et que l’opposition s’ouvre davantage. Nous avons besoin que chaque acteur mette de l’eau dans son vin pour qu’on puisse aller à ce dialogue.

Des dialogues, le Togo en as connu mais qui malheureusement n’ont abouti à rien. Aujourd’hui quelle garantie le gouvernement peut donner à l’opposition que cette fois ci sera le bon ?

Quelle garantie l’opposition aussi peut donner au gouvernement que cette fois-ci ça va marcher? C’est pourquoi je dis que les responsabilités sont partagées et il revient aujourd’hui à chaque acteur de mettre de l’eau dans son vin, de prendre des positions qui permettent d’aller à un consensus national.

Faure Gnassingbé doit-il se représenter pour un nouveau mandat ?

La question de la candidature du Chef de l’État, relève exclusivement de son parti. S’il doit être candidat ou pas, cela dépendra de son parti. Si le parti le choisi, alors il sera candidat et il en a le droit.

Le leader de l’Union des Forces du Changement (UFC), Gilchrist Olympio, se retire de la vie politique et demande au Chef de l’État d’écouter la voix du peuple en ne se représentant plus en 2020. Qu’en dites-vous ?

Je félicite Gilchrist Olympio pour son retrait après 24 ans de règne à la tête de son parti. 24 ans à la tête d’un parti politique c’est quand même long mais ce n’est pas facile. Il a contribué à partir de 2010 à l’apaisement de la situation politique dans le pays. On ne peut que le féliciter pour ce qu’il a fait de positif pour le pays et le pardonner pour ce qu’il a eu à faire et qui n’a pas vraiment contribué à réaliser l’unité nationale. Toutefois, il ne lui revient pas de décider de la candidature de Faure Gnassingbé qui ne fait que quelques années à la tête de son jeune parti. Le parti a encore besoin de lui pour s’implanter davantage. Faure n’a pas encore fait 15 ans à la tête de son parti.

Non! Écouter le peuple, c’est ce que le Chef de l’État est en train de faire. Vous allez constater que ces derniers temps il est sur le terrain à l’écoute des populations. Les actions qu’il mène, découle de ce qu’il entend venant du peuple. Peut-être on peut demander… Pour le reste, le président n’est pas élu à 100% donc c’est normal qu’un nombre de togolais soit contre ses actions.

Avez-vous un message pour le pouvoir et l’opposition ?

C’est un problème national qui est en jeu. Il s’agit aujourd’hui de décider de l’avenir du pays. Il est question aujourd’hui de doter notre pays de nouveaux mécanismes de fonctionnement qui permettront de réaliser la prospérité partagée. Donc nous devons nous mettre dans la posture d’acceptation de l’autre. Nous devons être tolérants, nous devons éviter des actions qui puissent amener à la violence, qui puissent amener à la confrontation, nous devons sortir des positions défiances.

Interview réalisée par Esaïe EDOH

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