Quelle part de contribution du Togo aux objectifs du sommet?
La 26ème Conférence des Parties sur le Climat(COP26) s’est ouverte aujourd’gui à Glasgow en Ecosse. Plusieurs dirigeants du Monde y sont présents. Le chef de l’Etat Faure Essozimna Gnassingbé qui prend également part à ce sommet est arrivé depuis hier en à Glasgow. Organisé jusqu’au 12 novembre prochain au Scottish Event Campus de Glasgow, la rencontre réunira plusieurs dirigeants du monde (chefs d’Etat et de gouvernement), et des représentants de la société civile des pays signataires de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC).. Il sera ainsi question pour les leaders du monde de faire le point sur les actions menées dans ce sens, et renouveler leurs engagements. L’objectif final est de convaincre le monde entier de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, et ralentir le réchauffement climatique, conformément aux engagements pris à Paris il y a six ans.
A Glasgow, le Togo qui multiplie depuis 2016 les actions pour réduire au niveau national ses émissions à plus de 50% à l’horizon 2030, ne restera pas muet lors des débats. Le pays formulera notamment des propositions concrètes, et partagera également son expérience : promotion des énergies renouvelables, reboisement massif et systématique, entre autres.
Quelle est la part de contribution du Togo aux objectifs du sommet?
Eu égard aux enjeux de la rencontre liés à l’adaptation et à la résilience, à l’atténuation et aux ambitions, à la nature (Biodiversité), la transition Énergétique, le transport Routier Propre et à la Finances (accès et transparence), le Togo peut être fier des résultats enregistrés, même si le chemin reste encore long.
En effet, après les accords de Paris à la cop25, en 2016, le Togo a a aligné ses priorités de développement sur ses engagements climatiques conformément à l’Accord. Ainsi, après la ratification de l’ Accord en 2017, des avancées ont été réalisées en matière d’adaptation et d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Malgré les effets néfastes de la crise sanitaire sur les secteurs à fort potentiel et la faible contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), le gouvernement togolais a défini une feuille de route (2020-2025) dont l’une des ambitions est de mettre le développement durable et l’anticipation des crises futures au cœur des priorités du pays.
Le pays a su renforcer la résilience climatique grâce à des stratégies globales d’atténuation et d’adaptation et de réduction des risques de catastrophe avec notamment la promotion des énergies renouvelables à travers l’initiative présidentielle d’électrification rurale à partir des kits solaires individuels et l’implantation des centrales solaires photovoltaïques notamment celle de Blitta (50MW), la plus grande de la sous-région.
En 2018, le Togo a été pour la première fois classé dans l’indice Bloomberg sur l’énergie. Sur le plan continental, le Togo s’adjuge le 10ème rang des pays ayant à cœur la promotion des énergies renouvelables. L’ensemble des politiques, plans, programmes et projets mis en œuvre en matière d’atténuation des émissions a permis au Togo de réduire ses émissions de 27,57% par rapport à 2020, soit 10 points de plus que la référence de 17,51%.
A Glasgow, le Togo entend formuler des propositions concrètes conformément aux initiatives prises ces dernières années et prendra de nouveaux engagements pour la réduction drastique des émissions dans les secteurs de l’énergie, du transport, des procédés industriels et utilisation des produits (PIUP), de l’agriculture, de la foresterie et autres affectations des terres (AFAT) et de la gestion des déchets.
Pour son engagement, et ce de manière globale, le Togo prendra des mesures d’atténuation des gaz à effet de serre qui seront le fruit de la mise en œuvre effective des plans, stratégies, programmes et autres documents de planification notamment la feuille de route gouvernementale 2020-2025.
Ces nouveaux engagements représentent une progression par rapport aux CDN initiales et correspondent au niveau d’ambition le plus élevé possible, compte tenu des circonstances nationales conformément au paragraphe 3 de l’article 4 de l’Accord de Paris.
S’agissant de la contribution du Togo dans l’atteinte des objectifs, surtout à la réduction des gaz à effet de serre, elle est fixée de façon globale, à 50,57%, soit 15 378,55 Gg CO2-eq à l’horizon 2030 et se répartie comme suit : Contribution inconditionnelle(Le Togo peut s’engager dans une contribution inconditionnelle issue de ses efforts propres de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20,51% à l’horizon 2030) ; Contribution conditionnelle(L’Etat togolais s’engage, s’il bénéficie du soutien requis des partenaires au développement, de réaliser une diminution supplémentaire de 30,06% des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030, sans compromettre sa politique d’autosuffisance alimentaire et son développement durable).
Les autres défis que le Togo devra relever
Défis dans le secteur énergétique
D’ici à 2030, le Togo vise à atteindre 50 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. Le pays a dès lors mis en place un cadre institutionnel pour le développement des énergies renouvelables et l’encadrement des projets, notamment l’institutionnalisation de la gestion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique au niveau national par la création de l’Agence togolaise d’électrification rurale et des énergies renouvelables (AT2ER).
Le Togo envisage à travers cette politique de : ● Porter à 100% le taux de l’électrification en 2030 ; ● Déployer plus de 300 mini-grids d’ici à 2030, soit environ une capacité installée de 9 MW ; ● Electrifier 555 000 ménages par Kits Solaires d’ici à 2030 soit jusqu’à 85 MW de capacité de génération solaire installée en 2030 ; ● Etendre et densifier le réseau pour atteindre environ 670 000 connexions d’ici à 2030, soit environ 108 MW de capacité additionnelle.
Défis dans le sous-secteur transport
Le sous-secteur des transports contribue à hauteur de 7% au Produit intérieur brut (PIB) dont 5% proviennent du transport routier et 2% restant, des autres modes de transport notamment les transports maritimes concentrés aux activités du Port autonome de Lomé (PAL).
Le transport représente 81,11% de la consommation finale de produits pétroliers dont une part importante pour le transport routier, notamment pour les engins à deux roues.
Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans ce sous-secteur, le Togo entend : ● Porter à 3% la part des véhicules électriques dans l’acquisition des véhicules neuf d’ici à 2025 ; ● Etendre le réseau routier rural par la construction de 4000 km de voies rurales ciblant les zones agricoles à fort potentiel d’exportation afin de connecter les agriculteurs au marché ;● Construire l’autoroute de l’Unité par l’accélération du projet de développement de la RN1 reliant l’hinterland productif à l’agglomération de Lomé et au Port autonome.
Le Togo s’est déjà engagé dans la promotion de la mobilité verte notamment, à travers l’installation dans le premier parc industriel d’une société de fabrication de véhicules électriques. Cette société ambitionne de produire 30 000 véhicules électriques par mois qui seront déployés à l’échelle nationale suivant le modèle ‘’Pay As you go’’ afin d’en faciliter l’accès aux populations.
Défis dans le sous-secteur résidentiel
Dans le sous-secteur résidentiel, notre pays envisage de porter : ● La part de la population utilisant le biogaz pour la cuisson à 4% en 2025 puis 12% en 2030 en milieu urbain et à 6% en 2025 puis à 15% en 2030 en milieu rural ; ● La part de la population utilisant les briquettes à 15% en milieu urbain et à 10% en milieu rural à l’horizon 2030 ; ● La part de la population utilisant le gaz de pétrolier liquéfié (GPL) à 35% en milieu urbain et à 8% en milieu rural d’ici à 2030.
Défis dans le secteur des Procédés Industriels et Utilisations de Produits (PIUP)
Au Togo, le tissu industriel reste concentré sur les industries extractives (production de phosphate et cimenteries) et les industries manufacturières qui englobent l’alimentation, les boissons et tabacs, le textile, l’habillement, le bois et les ouvrages en bois (imprimerie, papier, édition, les industries chimiques) et les ouvrages en métaux. Les industries de fabrication de clinker constituent la catégorie clé d’émission du pays.
Le secteur industriel au Togo est relativement récent et se caractérise par la modestie de sa contribution au PIB qui d’ailleurs passe de 23% en 2005 à 15,6% en 2018. En plus des industries modernes, il existe des activités artisanales (extractives métallurgiques, textiles et agroalimentaires).
Conformément à la feuille de route gouvernementale (2020-2025), le Togo prévoit mettre en œuvre son Plan de gestion et d’élimination des HCFC avec la construction d’au moins 100 bâtiments écologiques utilisant moins de climatiseurs à l’horizon 2030. Le pays entend également réduire d’au moins 2% le taux d’importation des gaz-F.
Défis dans le secteur agriculture
Le secteur agricole joue un rôle économique et social de premier plan au Togo. En effet, au cours de ces dernières années, il a occupé 65% de la population active, représenté 15% des exportations et contribué à 38% du PIB réel.
Ce secteur est très sensible aux changements climatiques et exacerbe des tendances actuelles non durables, comme la dégradation des ressources en eau, l’érosion des sols, la désertification ou encore les pertes d’agro biodiversité. Le gouvernement prendra des mesures pour gérer au mieux la situation à travers plusieurs mécanismes qui seront mis en place.
Défis dans le sous sous-secteur foresterie
Le secteur forestier du Togo contribue à l’économie nationale pour près de 1,7% au PIB national. Il permet l’approvisionnement en bois à hauteur de 90% des besoins de biomasse énergie et contribue de manière significative au besoin du bois d’œuvre. Des programmes contenus dans la feuille de route contribueront à une meilleure gestion des ressources à vocation biomasse énergie.
Prenant la mesure des défis, le Togo s’est engagé dans le cadre de sa feuille de route gouvernementale à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 11,14 % à l’horizon 2030 de façon inconditionnelle et de 20 % s’il bénéficie d’appuis supplémentaires. Des actions concrètes sont menées à cet effet à travers la promotion des reboisements privés, communautaires et étatiques, et la mise en œuvre de la stratégie de réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts avec une agriculture performante à faible impact sur la forêt.
Le Togo a déjà initié une intensification du reboisement avec le lancement d’une campagne nationale visant à planter 1 milliard d’arbres à l’horizon 2030. Cette politique permettra en plus de l’augmentation de la couverture forestière à 25% du territoire, d’augmenter de 10 % la séquestration du carbone à l’échelle nationale.
Défis dans le secteur des déchets
La collecte des ordures ménagères et l’élimination des eaux usées constituent l’une des plus grandes difficultés que rencontrent les autorités municipales. La production individuelle de déchets varie de 0,4 à 2 kg par habitant et par jour. Selon les résultats de l’enquête QUIBB (2015), 39,8% des ménages jettent les ordures dans la nature et 24,9% des ménages au dépotoir sauvage.
Les projections des émissions du secteur dans l’ensemble révèlent une augmentation de 70,8% des émissions qui devraient passer de 335,7 Gg CO2-eq en 2010 à 573,3 Gg CO2-eq en 2030
Bilan des besoins de financement pour atteindre les cibles de réduction des CDN du Togo
Les besoins de financement associés à toutes les options d’atténuation identifiées sont estimés à 2 699, 363 millions de dollars US à l’horizon 2030 dont 697,719 millions de dollars US pour les options inconditionnelles et 2 001, 643 millions de dollars US pour les actions du conditionnel. Ces derniers représentent les coûts d’investissement en capital requis et les coûts de mise en œuvre.
Au demeurant, la COP26 sera l’occasion pour le Togo de renouveler son engagement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Pour mener des actions d’envergure, conformément aux besoins exprimés (CDN), le pays entend mobiliser davantage de ressources internes et compte aussi sur le financement des partenaires à l’issue des engagements pris par les parties à Glasgow.
LM