Affaire de forages : Le paradoxe togolais…

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Le mardi dernier, il a été procédé à Lomé, au lancement officiel du projet de Sécurité Hydrique en milieu urbain au Togo (PaSH-MUT).  A l’occasion, et lors de son intervention, le ministre d’Etat, ministre de l’Eau et de l’hydraulique villageoise, le Général Yark Damehame, a fait une déclaration qui apparemment n’a pas été du goût de certains togolais.

« Ne soyez pas surpris de recevoir chez vous des agents de l’Etat venus vous demander de présenter votre permis de forage. Toutes les ressources en eau appartiennent à l’Etat. Trop de forages diminuent la nappe phréatique et compromettent les chances des générations futures à disposer d’eau, l’Etat a le devoir de protéger les populations » faisait savoir le ministre Yark devant l’assistance composée de certains membres gouvernement, des partenaires techniques et financiers et autres.

Ainsi, il a suffi seulement de quelques minutes après cette déclaration du ministre pour que la toile s’enflamme.  Chacun y va de son commentaire. Et tous les mots sont les bienvenus dans les paroles et écrits de certains pour exprimer leur mécontentent. Mais ce qui dérange plus dans ces attaques contre le ministre, c’est le comportement de certains hommes de médias et élus de peuple, qui se sont plutôt laissés emportés par leurs critiques toutes aussi contradictoires que ridicules.

 Comment peut-on comprendre que ceux qui sont sensés informer et éduquer la population puissent se laisser aller à des analyses de bas étage sur un sujet aussi sensible qu’est la gestion des eaux ?

Oui, il est évident que les togolais par la faute des gouvernements qui n’arrivent pas pour l’instant à les satisfaire totalement dans l’approvisionnement d’eau potable, choisissent de procéder à l’installation des forages pour palier au déficit et subvenir à leurs besoins. Il est compréhensible que par ces temps qui courent, où joindre les deux bouts est un casse-tête-chinois pour les togolais, de telles réactions surgissent, devant une déclaration dont ils ne maitrisent pas les contours.  Mais ce n’est pas pour autant une raison pour qu’on laisse des togolais mettre leur vie en danger avec des eaux souillées, parce que issues des forages qui ne respectent pas les techniques et les mesures d’installation appropriées.

Dans ces conditions, il donc inconcevable de voir des députés s’associer à ces critiques. Cela peut être compréhensible pour un citoyen lambda qui ignore la loi.  Mais pour un élu du peuple sensé connaitre la loi, c’est tout simplement ridicule.

 En effet, de nos jours, pullulent plusieurs sociétés de production d’eau dans le pays, des eaux communément appelés ‘’pure water’’ commercialisées et qui viennent des forages installés dans des conditions qui ne respectent pas les techniques requises en la matière. Faut-il continuer par laisser faire ou il faut rapidement faire arrêter cela pour le bien des populations ? Comment pouvons-nous vouloir une chose et son contraire ?  Nous sommes les premiers à critiquer le gouvernement lorsqu’il ne réagit pas face à des comportements qu’on ne trouve pas anormaux pour notre survie. Mais nous sommes également de ceux qui   mettent à critiquer ce même gouvernement lorsqu’il s’agit de de prendre les mesures idoines pour nous protéger ?  L’exemple du port de casque est encore présent dans nos mémoires. Aujourd’hui, c’est la majorité des togolais pour ne pas dire tous les togolais qui sont d’avis pour dire que cette mesure a été plutôt bonne.

Ce qui critiquent le ministre, doivent savoir que   sa déclaration n’a pas été faite ex nihilo. C’est la loi qui le dit. Une loi votée par l’assemblée nationale et qui fait plusieurs années d’ailleurs, sans être véritablement appliquée.

« Sont soumis  au régime d’autorisation : les utilisations des eaux de surface pratiquées aux moyens d’ouvrages et installations permanents susceptibles de présenter des dangers pour la santé et la sécurité publique, de modifier substantiellement le niveau, le mode d’écoulement ou le régime des eaux, et de porter atteinte à la qualité  de l’eau,- les activités de recherche des eaux souterraines, – le captage d’eau souterraine par forage, galerie, drainante, canalisation ou par tout autre dispositif équipé d’un moyen d’exhaure, -l’équipement des ouvrages de captage d’eau souterraine existants en moyen d’exhaure, – l’exploitation de tout forage artésien, – l’implantation de tout ouvrage  de prévention des effets nuisibles de l’eau, – toute occupation du domaine public de l’eau par des  dépôts, plantations ou  cultures, de nature à gêner l’écoulement  ou leur des eaux ou leur qualité, – le curage, l’approfondissement, l’élargissement, le redressement et la régularisation des cours d’eau, temporaires ou permanents, – l’extraction de pierres, du sable et du  gravier du lit et des berges des cours d’eau, des lacs et des canaux », voilà  ce que  l’article 14 du code de l’eau au Togo.

Ne pas l’appliquer depuis le vote par les députés il y a une dizaine d’année est une autre chose. Mais ce n’est pas une raison pour laisser les populations continuer par souffrir ou mourir du fait de sa non application. Plusieurs forages ont été faites dans des zones inappropriées. D’autres ne respectent pas la nappe à laquelle il faut atteindre pour permettre la consommation d’eau. Demander une autorisation avant toute installation de forage, veut dire qu’il ait des équipes techniques qui devront suivre et analyser les contours de faisabilité, ceci pour l’intérêt du propriétaire du forage.       

  Aujourd’hui, le nouveau ministre   de l’eau est donc en droit de faire appliquer cette loi, c’est un devoir d’ailleurs pour lui de le faire. Ce qu’il faut souhaiter, c’est qu’un moratoire puisse être donné, afin que se fasse la sensibilisation des populations et les entreprises d’installations de forage, pour permettre que chacun ait le même niveau de compréhension.

 Appliquons les lois, vivants !!!

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