Togo :  37 sur 47 établissements privés   d’enseignement supérieur délivrent des diplômes non reconnus par le CAMES

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Ce sont là les résultats d’une étude voulue par les plus hautes autorités du pays en vue de se faire une idée dans le secteur de l’enseignement supérieur dans le privé et d’y apporter des réponses idoines.

En effet, face au rejet d’un grand nombre de diplômes délivrés par certains établissements privés à l’homologation et dans les universités publiques occidentales, les autorités du pays, à travers le Ministère de l’enseignement supérieur, a initié avec l’appui financier du PNUD (Programme des Nations-Unies pour Développement), une évaluation des offres de formations réalisées par des experts/évaluateurs nationaux et internationaux entre le 20 décembre 2020 et le 30 mai 2021. Les résultats de cette évaluation tablée sur 5 points, à savoir, la cartographie des établissements privés d’enseignement supérieur, les offres de formation, le répertoire du personnel enseignant et du personnel administratif, l’état des lieux des infrastructures et certaines diligences examinées conformément au cahier des charges ne sont pas du tout à la hauteur de ce que l’on croit.

S’agissant de la cartographie, étude note que74 sites principaux, y compris 6 sites secondaires représentatifs de 68 établissements, sont immatriculés au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR). Pour rappel, ce sont 53 sites d’enseignement représentatifs de 47 établissements qui ont eu à participé à l’évaluation, soit (71,5%). 21 établissements n’ont pas participé (3 pour fermeture volontaire, 2 restés injoignables et 16 indifférents).

Sur les offres de formations,44 sur 47 offrent des formations agréées par le MESR ;37 sur les 47 délivrent des diplômes non reconnus par CAMES ;5 sur 47 ont certains masters reconnus par le CAMES, 2 sur les 47 forment sans autorisation ;4 sélectionnés au hasard n’ont pas de syllabus ;16 sur 47 ne finissent pas leur programme conformément au syllabus.

L’évaluation relève par ailleurs, que beaucoup d’établissements pratiquant le LMD délivrent le même diplôme pour une formation donnée, mais n’enseignent pas les mêmes leçons, ou n’ont pas les mêmes volumes horaires ni les mêmes nombres de crédits, mais arrivent à totaliser les 180 crédits pour la licence. Et pourtant, la soutenance de la licence que certains ne font pas vaut à elle toute seule 30 crédits.

Sur le répertoire du personnel enseignant et du personnel administratif, l’étude relève que le personnel enseignant et administratif est essentiellement réglementé par les articles 19 et 20 du cahier des charges pour les demandes de création, d’ouverture, d’habilitation et d’agrément des établissements privés d’enseignement supérieur au Togo.

Sur un échantillon aléatoire observé lors de la visite des sites, le constat suivant a été fait que 5 établissements sur les 47, soit 11% ne respectent pas la disposition de l’article 19 ; 11 établissements sur les 47, soit 23% n’ont pas de contrats de travail avec leurs enseignants; 7 établissements sur les 47, soit 15% n’ont pas le curriculum vitae et la copie du dernier diplôme de certains enseignants dans leur dossier et n’ont pu en fournir pendant l’évaluation ; 36/47 ne sont pas conformes aux dispositions de l’article 20.

Sur l’état des lieux des infrastructuresrégis par l’article 24 du cahier des charges sur ce critère (bâtiment administratif, amphithéâtre, bibliothèque, salle informatique, centre médico-social, point d’eau potable, toilettes avec indication garçons/filles), l ’évaluation dénote environ 15% de satisfaction.

Sur les autres diligences examinées conformément au cahier des charges,les faiblesses ci-après en opposition avec le cahier des charges ont été relevées :admission des étudiants en Master sans soutenance de Licence dont 4 de façon systématique alors que la soutenance est un examen qui vaut 30 crédits ; absence de système de sécurisation des diplômes chez 6 établissements (code QR, code barre, cachet sec, papier personnalisé) ;absence ou insuffisance de remplissage des cahiers de textes;incohérence entre le nombre d’heures indiquées dans le syllabus et le nombre d’heures de cours effectif ;absence d’un manuel de procédures administratives et/ou académiques chez 8 établissements ;absence de procédure d’évaluation écrite des étudiants chez 5 établissements ;réunions du Conseil d’Administration (CA) non tenues régulièrement et absence de procès-verbaux des réunions du CA ;insuffisance dans la composition du Conseil d’Administration ;absence de plan de développement des enseignants permanents ;retard dans l’introduction des demandes de renouvellement de l’agrément.

Face à ce constat très peu reluisant, les experts recommandent que soit encourager un renforcement de la coopération entre le MESR et les établissements privés d’enseignement supérieur de manière que les décisions tiennent compte de l’opinion des acteurs. Ils exhortent le MESR à la mise en place d’un cadre permanent de discussion avec les établissements privés d’enseignement supérieur pour discuter des enjeux auxquels les deux parties sont confrontées, et les moyens d’apporter des solutions satisfaisantes ; la mise en place d’un mécanisme efficace de suivi en matière de financement, de renforcement de capacités, de transfert de connaissance pour répondre à certaines lacunes observées et relevées ; l’harmonisation des syllabus et curricula d’enseignement au niveau de chaque filière et parcours du système LMD (Licence, Master, Doctorat) ;

Faire des études approfondies devant aboutir à l’harmonisation des examens pour les matières fondamentales au niveau de chaque filière et parcours du système LMD ; l’officialisation des dispositions d’une nouvelle version du cahier des charges épurées des imprécisions par un décret présidentiel, afin de lui conférer un caractère officiel ; et  une continuité des états des lieux sur une base périodique afin de mesurer le suivi dans les progrès réalisés par les établissements relativement aux constats posés.

La démarche des autorités togolaises est à saluer, pour plusieurs raisons.   D’abord, elle montre la volonté et le souci du gouvernement togolais d’instaurer un enseignement de qualité au bénéfice des étudiants et donc par ricochet de l’Etat togolais, puisque cela permettra de mettre à la disposition du pays des étudiants bien formés qui apporteront leur touche pour le développement.

L’autre avantage de cette démarche, est d’éviter des dépenses inutiles aux parents et éviter aux étudiants une perte d’énergie en leur éveillant sur le choix à faire en ce qui concerne les établissements privés d’enseignement supérieur.

 Enfin, cette étude permettra au gouvernement de prendre des mesures à l’avantage des étudiants et leur éviter des soucis à l’étranger.

Au Togo, le secteur privé de l’enseignement supérieur représente 20 à 25% de l’ensemble des étudiants. Cependant, cette floraison d’établissements privés d’enseignement supérieur observée ailleurs et au Togo n’est exempte d’insuffisance tant qualitative que procédurale. Même si le cahier des charges de 2014, inspiré des textes du CAMES, constitue la base d’un bon contrôle de ces établissements, cette situation nécessite une adaptation, une révision des offres de formations pour répondre aux exigences et aux normes requises pour garantir la qualité des diplômes qui en découlent. D’où l’évaluation diligentée par le gouvernement togolais.

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